Au Cameroun, Samuel Mvondo Ayolo accusé de torture et séquestration

Suite à un vol présumé de près de 2 milliards de F CFA dans son domicile, le directeur du Cabinet civil de la présidence aurait discrètement commandé auprès des agents de sécurité une rude et violente exploitation de jeunes suspects parmi lesquels son neveu, selon l’ONG Mandela Center International.

 Par Nestor Onguéné

Il n’est pas rare que de fortes sommes d’argent en liquide disparaissent du domicile des membres du gouvernement camerounais, mais les expéditions punitives d’après-coup, n’ont pas souvent occupé le devant de la scène, comme celle qui défraie la chronique depuis quelques semaines au Cameroun. L’affaire commence le 2 décembre 2023. Ce jour-là, des individus en service au domicile du très influent directeur du Cabinet civil de la présidence de la République situé au quartier Bastos à Yaoundé se seraient introduits dans l’une des pièces sécurisées de la bâtisse. En l’absence du patron, parti en mission dans le Sud du pays, pour représenter le chef de l’Etat Paul Biya, à une cérémonie religieuse. L’occasion faisant le larron, ces individus auraient mis la main sur une importante somme d’argent en espèce. Près de 2 milliards de F Cfa, soit plus de 3 millions d’Euros, rapporte l’ONG Mandela Center International (MCI), dans une note d’information parvenue à la rédaction de L’Urgence.

Aussitôt informé à son retour, le proche collaborateur de Paul Biya «a immédiatement ordonné à des personnels militaires en service à la Présidence de la République et à l’aéroport de Nsimalen-Yaoundé, de lancer une expédition punitive en direction des personnes soupçonnées d’avoir commis l’infraction de vol dans son domicile», rapporte MCI. Environ une dizaine de personnes sont interpelées les 4 et 5 décembre 2023, par cinq agents de service de sécurité en civil, sans rapport avec la police judiciaire, en violation du Code de procédure pénale camerounais. Certains suspects de cette opération rocambolesque sont conduits manu militari dans un centre de détention au secret pour y subir une «exploitation approfondie», ou plutôt, «de graves actes de torture, de traitements ou peines cruels, inhumains et dégradants», peut-on lire dans la même note d’information.

«Des matraques, des machettes, des gourdins, des morceaux de planches, le feu, le courant électrique et des objets prohibés», font partie de la panoplie d’objets qui auraient servi à supplicier les jeunes suspects «toute la nuit par les éléments des forces de défense et de sécurité camerounaises», selon l’ONG dirigée par Jean Claude Fogno, Secrétaire exécutif permanent de MCI. Parmi les victimes, figurent Mete’e Marie-Joseph (20 ans) et son frère Zeh Meka Rodrigue (34 ans) ; madame Ongono Bibiche (24 ans), compagne de Zeh Meka Rodrigue, et madame Mebanga Marguerite, commerçante et sœur de Mete’e Marie-Joseph.

Vives inquiétudes

Face aux actes que MCI qualifie de «barbares et de torture», l’ONG exprime ses vives inquiétudes pour la vie de Zeh Meka Rodrigue, qui serait abandonné et sans soins à l’hôpital militaire de Région N°1 à Yaoundé «et constamment sous les menaces des hommes qui assurent sa garde 24h/24 sur instruction de Samuel Mvondo Ayolo». Quant à son frère Mete’e Marie-Joseph, «qui ne sait ni lire ni écrire, et dont les caméras de surveillance l’ont montré en possession de plusieurs sacs d’argent», il serait détenu au secret. Neveu du directeur du Cabinet civil de la présidence de la République, ce dernier «travaille» à la résidence de Samuel Mvondo Ayolo «depuis plusieurs années pour un salaire de 15 000 F CFA et le reliquat est conservé par son patron aux fins de le lui remettre à l’âge majeur, tous étant originaires des villages voisins à Meyomessala, dans la région du Sud et département du Dja-et-Lobo», poursuit la note d’information N°102 de MCI du 11 décembre 2023.

De même, MCI soutient que «les éléments des forces de défense et de sécurité camerounaises ont gravement porté atteinte aux droits et intérêts de ces citoyens, pourtant hautement et totalement protégés par les instruments juridiques nationaux, régionaux et internationaux auxquels l’Etat du Cameroun a librement souscrits notamment en se livrant à des actes de torture internationalement répréhensibles et imprescriptibles». Aussi, faut-il le souligner, tous les efforts déployés pour avoir la version de l’ancien ambassadeur de la République du Cameroun en France face à ces graves révélations qui ternissent davantage l’image des forces de sécurité camerounaises ont été vains.

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