«L’OCCIDENT N’EST PAS NOTRE PROBLÈME. IL EST UNE PARTIE DE LA SOLUTION»

    Par Rodrigue Kiki, Expert en développement social

On est souvent étonné de constater la grande vulnérabilité des Africains à la manipulation. Le niveau de naïveté et de faiblesse épistémique de certains est déstabilisant.

Un exemple qui nous parle : L’Angola.

Après s’être laissé entraîner dans une guerre idéologique idiote et inutile, qui lui a coûté des millions de morts et 25 ans de son développement, où un idéologue de l’Est (Dos Santos) l’a emporté sur un idéologue de l’Ouest (Savimbi), le premier a eu le génie politique de coopérer avec l’Occident dès les années 1990 (qui a abouti au lâchage et à l’exécution de Savimbi) pour développer son pays. La croissance économique de ce pays (ces dernières années) est justement liée à la libéralisation de son système social, politique et économique avec son partenariat stratégique avec l’Occident qui, à travers ses firmes multinationales (dans le secteur des hydrocarbures notamment) y a investi des centaines de milliards de dollars au cours des 25 dernières années. Et même si la Chine a compté pour beaucoup, il est constant que c’est l’ouverture du pays à l’économie de marché et l’amélioration de la gouvernance interne qui en ont constitué les déterminants clés.

Je voudrais dire aux compatriotes africains que l’Occident n’est pas notre problème. Il est une partie de la solution. Il nous faut juste être plus sérieux, plus méthodiques, plus visionnaires, plus rigoureux, plus intelligents (collectivement), plus patients, moins émotifs, moins alimentaires, et moins négatifs les uns contre les autres.

JE DIS ET JE LE MARTÈLE : AUCUN PAYS SOUS DÉVELOPPÉ OU DU TIERS MONDE N’A CHANGÉ DE STATUT SANS COLLABORER ETROITEMENT AVEC L’OCCIDENT LIBERAL OU SANS ENTRER DANS L’ECONOMIE-MONDE. Tout le reste, c’est le bla bla bla des émotifs à la mentalité brouillonne qui font les révolutions par procuration (c’est le propre des gens qui vivent sous des dictatures et systèmes monolithiques).

Après le cache-sexe que constituait l’URSS pour son économie propre, la Russie (puissance économique médiocre en 1990) a grandi économiquement en libéralisant son économie et en établissant un partenariat stratégique avec l’Occident entre 1993 et 2022. Il en est de même de la Chine, l’Inde, les dragons d’Asie (Singapour, Malaisie, Vietnam…) l’Afrique du Sud, le Nigeria, le Brésil, l’Egypte, le Botswana, Kenya, Maroc, la Tanzanie, l’Ethiopie, etc.

LA VERITE-REALITÉ EST LÀ : QUE L’OCCIDENT NOUS PLAISE OU NON, QU’IL SOIT MECHANT OU NON, QU’IL SOIT INJUSTE OU NON, QU’IL SOIT RACISTE OU NON, IL EST LA MATRICE DE L’ECONOMIE-MONDE.

Tout dirigeant intelligent doit pouvoir travailler en interne pour créer les conditions de tirer un bon parti de la collaboration avec l’Occident. C’est ce qu’ont fait les dirigeants des pays sus évoqués. Ils n’ont pas eu besoin de faire des révolutions contre l’Occident au 21e siècle (un vrai anachronisme à l’ère du digital, et la preuve d’un retard mental). La Russie (qui est et demeure une économie de rente) n’a jamais développé un pays. Elle n’en a pas les moyens. QUI PEUT CITER 2 PRODUITS RUSSES DANS LE MONDE ? QUI PEUT CITER UN PRODUIT RUSSE EN AFRIQUE ?

Comme durant la guerre froide, elle se sert des Africains pour ses jeux et enjeux de puissance avec l’Occident. A l’époque, elle utilisa l’Ethiopie de Megistu Haile Mariam, le négus rouge (on connait tous le drame de la famine dans ce pays dans les années 80). Après le règne communiste brutal de Mengistu et les millions de morts, l’Ethiopie fit le pari pour se développer, de coopérer avec l’Occident par le biais des réformes libérales engagées par Méles Zenawi. C’est aussi le cas au Mozambique, en Angola, et bien d’autres. A l’époque, ces pays ne reçurent rien d’autre en retour sauf des kalachnikovs.

Pour se développer, les Africains (Burkinabè, Malien, Centrafricain, Nigérien…) après leurs « révolutions » feront recours s’ils veulent se développer, au partenariat stratégique avec l’Occident, qui demeure le meilleur à ce jour quoi qu’on dise. Ils devront pour obtenir un meilleur parti de cette collaboration, se structurer en conséquence. Si ce partenariat ne nous est pas bénéfique jusqu’à présent, c’est la faute à nos carences structurelles internes.

D’autres leaders obtiendraient mieux du partenariat avec l’occident en :

– améliorant la gouvernance interne par la systématisation (de la maternelle à la retraite) du mérite, de la responsabilité individuelle, de la performance, de la recevabilité, de la solidarité active ;

– sanctionnant systématiquement l’incivisme, le tribalisme, le népotisme, la corruption, l’alcoolisme, le tabagisme, les atteintes à la pudeur et la morale publique, le désordre urbain et foncier, les fraudes de toutes sortes, etc.

– développant la circulation rapide des élites et le renouvellement des énergies de la nation en application du 2e principe de la thermodynamique (On ne verrait ce genre de scandale où un individu fait 25 ans à la tête d’un ministère) ;

– en valorisant, restaurant et systématisant nos valeurs et traditions ancestrales positives ;

– etc.

C’est faute d’avoir fait tout ceci que nous sommes si vulnérables face à l’Occident. Même les défauts du F CFA, relevés avec insistance par certains esprits étroits, ne sont que l’expression de nos carences internes de gouvernance. Avec d’autres profils de dirigeants, le F CFA en tant que système monétaire serait optimisé (Toute proportion gardée, Ahidjo et Houphouët avaient relevé le standard de vie de leurs populations avec le F CFA…).

L’optimisation ici étant comprise comme la minoration des défauts et l’exacerbation des qualités de ce système monétaire.

Un exemple de nos carences à corriger : Les milliers de camerounais se sont formés à l’extérieur (par le sacrifice de leurs familles), ils travaillent et occupent des postes stratégiques dans les firmes occidentales qui font dans les technologies de pointe. Ils peuvent rentrer pour remplacer techniquement les blancs et les chinois, qui détiennent la technologie, de sorte que notre pourcentage dans les contrats d’exploitation de nos matières premières soit accrue (nos parts sont faibles entre autres du fait de notre dépendance technologique et financière), mais pourquoi ne rentrent-ils pas ? Peuvent-ils s’accommoder de la médiocrité érigée en norme ? On ne va plus regarder leur origine tribale ou leur sexualité ? Nos dirigeants vont-ils consentir à utiliser les milliards pour développer l’artisanat et l’industrie et non plus à financer leur maintien au pouvoir ? Nos dirigeants ont-ils mis sur pied un système qui secrète la confiance et l’harmonie dans la nation, de sorte que les dirigeants n’aient aucun problème à mobiliser l’épargne nationale pour ne plus dépendre des financements externes ?

Un autre exemple : Un Centrafricain ou un Nigérien fait une invention. Qu’est ce qui est prévu dans son pays pour non seulement lui permettre d’avoir son brevet (les fonctionnaires lui voleraient son projet) et de faire fonctionner son invention dans le cadre d’un projet massif ? Un pays qui n’a pas une banque publique de l’innovation veut faire la révolution contre l’Occident pour proposer quoi après ? Le bavardage à la télé et sur les réseaux sociaux ?

Un autre exemple : Un pays où plus de 65% de la population (dont l’élite intellectuelle, militaire, politico administrative) croit que c’est Allah qui donne la ration alimentaire journalière (Niger) veut faire la révolution contre l’Occident pour y substituer quoi ?

Un autre exemple : Un pays (Niger) où la condition pour un ressortissant africain d’investir est qu’il le fasse par le biais d’un national nigérien, et tant pis si celui-ci n’est pas honnête, travailleur et compétent (ce qui est très souvent le cas dans un pays où 80% de la population est analphabète), le business fait faillite au bout des 10 premiers mois, etc.

Penser que l’Occident est le problème, c’est déplacer le problème, c’est se mentir à soi-même.

Le lion mangera toujours la chèvre si celle-ci n’ajuste pas son imprudence dans la jungle. Nous devons ajuster nos médiocrités pour entrer victorieusement dans l’économie-monde.
Aucun coup d’Etat militaire, aucune révolution de palais (qu’on essaye de légitimer en manipulant les bas instincts du peuple et la sottise naturelle et insurmontable des intellectuels gauchistes) ne peut d’un coup de baguette magique exorciser une nation de ses tares structurelles. Il faut de la vision, de la méthode, de la patience et des actions concrètes.

PS : Je ne suis pas un pro occidental, mais un panafricain, kamite, libéral, chrétien et surtout PRAGMATISTE. Cette position du milieu et d’englobement des contraires (apparemment impossible pour certains extrémistes) provient de mon esprit de synthèse, lui-même consécutif, à ma longue contemplation des sciences de la vie et de la sagesse des anciens, qui me fondent à dire qu’aussi vrai que le sexe (qui donne la vie) se trouve symétriquement au milieu du corps (du haut vers le bas, de gauche à droite), la vérité de la vie, la vérité en toute chose se trouve au milieu et non aux extrêmes.