Liberté de la presse : Célébration sous fond de revendications

Les membres du Syndicat national des journalistes du Cameroun (Snjc) ont réclamé le 3 mai 2023 la fin de l’impunité des crimes contre les professionnels des médias et l’application de la convention collective de 2008, pour l’amélioration de leurs conditions sociales.

Par Emercine Nguimfack

 

Ce 3 Mai 2023 à Douala, ils étaient près d’une centaine de journalistes et professionnels des médias à dire à l’unisson : «non à l’assassinat des journalistes ! Non à la clochardisation des journalistes! Non à  la condamnation des journalistes! Oui à la liberté d’expression ! Oui à l’accès aux sources d’informations ! Oui aux meilleures conditions de travail». C’était à la place du gouvernement à  Bonanjo dans la capitale économique, lors de la célébration de la 30ème Journée mondiale de la liberté de la presse. Sous la houlette de la présidente du Snjc, Marion Obam, les journalistes et professionnels des médias se sont mobilisés pour dénoncer tous les mauvais traitements qu’ils subissent dans le cadre de leur métier. Ils ont également formulé des réclamations par le biais du Snjc, notamment la liberté d’expression et l’application de la convention collective des journalistes qui date de 2008. «En ce jour le Snjc demande à l’Etat du Cameroun d’engager des discussions franches en vue de doter notre pays d’un code  unique de la presse, d’une meilleure protection sociale des journalistes ainsi que les options concrètes assurant la protection et la sécurité physique des hommes et des femmes de médias au Cameroun. Ces demandes sont encore plus pressantes au moment où nous exigeons toujours que toute la lumière soit faite sur l’enlèvement suivi de l’assassinat de Martinez Zogo, directeur général d’Amplitude FM», a déclaré la présidente du Snjc.

Un droit fondamental, pas une faveur

Pour la commémoration de cette édition, le syndicat a demandé à tous ses membres de se vêtir de couleur noire pour porter le deuil de Martinez Zogo et de tous les autres journalistes qui ont été arrachés brutalement à la vie pendant leur détention ou du fait de l’exercice de leur profession. Marion Obam a ainsi invité les membres de la corporation à avoir une pensée pieuse pour Pius Njawe, le directeur de publication du journal Le Messager de regretté mémoire, qui faisait partie des africains qui avaient participé aux discussions sur l’état de la liberté d’expression sur le continent africain et le reste du monde il y’a 30 ans en Namibie. «La liberté de la presse ne s’obtient pas et ne se décrète pas au cours des débats de salon; la liberté de la presse ne se proclame pas au cours des chorus. La liberté de presse est le fruit du rapport de force établi et équilibré grâce aux combats quotidiens que mène et mènera toujours le Snjc. Le Snjc tient à rappeler que les journalistes sont détenteurs de droits tandis que l’Etat du Cameroun est le principal débiteur d’obligations en la matière», a-t-elle martelé, comme pour indiquer au gouvernement que la liberté d’expression réclamée n’est pas une faveur, mais un droit fondamental.

Durant ce rassemblement, les communiqués de plusieurs organisations internationales ont été lus en présence des manifestants. Entre autres, celui de la Fédération Internationale des Journalistes (Fij), qui a fait savoir que 68 journalistes ont été assassinés en 2022, dont très peu de cas ont fait l’objet d’une enquête. De même, selon cette fédération, l’impunité pour les meurtres des professionnels des médias a été la règle au fil des ans et au moins 375 journalistes et professionnels des médias ont été derrière les barreaux l’année dernière.

 

Réactions

 

Charles Cacharel Nforganng, journaliste

«La liberté de presse est en péril»

La liberté de la presse est en  nette recul dans notre pays. Voyez-vous, pendant qu’on célèbre cette journée mondiale de la liberté de la presse, vous avez le corps d’un homme de média qui se trouve encore à la morgue. Notamment Martinez Zogo qui n’a pas encore été inhumé, et nous savons tous dans quelles conditions il a été tué. En dehors de ça, vous avez beaucoup de journalistes qui sont devant les tribunaux, qui doivent répondre de certains actes. Vous avez encore le corps d’un autre journaliste, notamment un homme de Médias, wazizi, qui jusqu’à présent n’a pas encore été rétrocédé à sa famille. Donc la liberté de presse est en péril, elle est en net recul, ce qui est inacceptable. Hors par le passé, on avait quand même vu qu’il y’avait de légères avancées, il y’avait quand même des signes qui laissaient croire que les choses pourraient évoluer. Mais j’ai envie de croire qu’avec la mobilisation qui se fait plus pressante et qui est de plus en plus forte, les choses pourraient évoluer dans le même sens. Je parle d’avantage de l’engouement des journalistes pour les syndicats, l’engagement syndical qui se matérialise aujourd’hui avec cette manifestation. Je pense qu’en rangs serré derrière les syndicats, on pourrait faire bouger les lignes

 

 

Hildegarde Payong, journaliste

«Sans une presse critique, il n’y a vraiment pas de Nation»

Sans une presse critique il n’y a vraiment pas de Nation, il n’y a vraiment pas de droit.  C’est nous la presse qui donnons le pouvoir à ceux qui nous gouvernent, aux sans voix, à tout le monde. C’est nous qui écrivons, quand c’est bon ou si c’est mauvais. C’est nous qui donnons la visibilité au gouvernement, à tout le monde. Si vous voulez même faire un coup d’Etat, vous devez passer par les médias ; si vous voulez dire quelque chose d’important, c’est d’abord les médias. Alors pourquoi malmener les journalistes, les hommes de la plume? Pourquoi ? Si vous n’êtes pas contents faites le savoir. Pas de tuer, pas emprisonner ! Il y a des manières correctives pour emmener le journaliste à réaliser ses erreurs, car il travaille aussi sur la base de la déontologie et de l’éthique. Donc Il ne travaille pas dans le vide. Il y a des documents qui sous-tendent son travail. Basez-vous sur ça pour le ramener, lui faire comprendre qu’il a dérapé. Et là vous allez le convaincre avec des arguments et lui aussi il va s’amender et nous allons travailler main dans la main.

 

Paul Mahel, journaliste

«Il faut que les journalistes arrêtent de travailler avec la peur d’être arrêtés»

Malgré toutes les difficultés et tous les risques qu’il y a, cette profession continue à susciter des vocations, ce métier continue à attirer les jeunes et c’est quelque chose de très important. Maintenant pour parler de la liberté de la presse, je crois qu’aujourd’hui, quoiqu’on dise, il y a un certain nombre d’avancées qu’on peut observer, même s’il y a encore beaucoup de travail. Mais pour moi, ce qui reste à faire est plus important que ce qui a déjà été fait et je le résume en 3 choses. La première, pour qu’on parle véritablement de la liberté de la presse, il faut que l’accès aux sources d’informations, surtout aux sources institutionnelles d’informations soit plus ouvert aux journalistes. Que les gouverneurs, les préfets, les sous-préfets, les commandants de brigade, les commissaires de police, les administrateurs, les magistrats puissent donner des informations aux journalistes sur les choses qui concernent la gestion des affaires publiques. La deuxième chose ce serait la dépénalisation du délit de presse contre laquelle nous courrons depuis bientôt 30 ans. Il faut que les journalistes arrêtent de travailler avec la peur au ventre de pouvoir être arrêtés et emprisonnés pour un délit de presse, et enfin il faudrait qu’on applique la convention collective qui permettrait quand même d’améliorer assez significativement les conditions de travail et le traitement des journalistes

12 thoughts on “Liberté de la presse : Célébration sous fond de revendications

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