Au Cameroun, que peut le FCC de Jean Michel Nintcheu ?

Exclu du Social democratic front (Sdf) en février 2023 avec une trentaine de cadres devenus tout aussi incontrôlables, le député de Wouri-Est à Douala a réactivé son propre parti politique créé en 1992 et annonce une alliance avec le Mrc de Maurice Kamto dans la perspective de la présidentielle de 2025.

 

 Par Nestor Onguéné

A l’Assemblée nationale du Cameroun, Jean Michel Nintcheu est réputé pour ses interventions embarrassantes dans un exercice que l’élu de la circonscription de Wouri-Est à Douala affectionne bien : les questions orales aux membres du gouvernement. Aucun ministre n’échappe aux interpellations crues de Jean Michel Nintcheu, lorsque son département ministériel est impliqué dans un scandale ou des problématiques qui engagent la vie de la Nation. Pour la session de novembre 2023, le député du Sdf a passé deux membres du gouvernement sur le gril : Emmanuel Nganou Djoumessi et Félix Mbayu. Le premier a été interpellé sur le mauvais état des routes au Cameroun et les retards constatés dans de nombreux chantiers infrastructurels et le second, sur la cacophonie entre le gouvernement canadien et Yaoundé, concernant une médiation démentie par les autorités camerounaises sur la crise anglophone.

Dans les médias, le parlementaire du Littoral déploie la même énergie politique, avec un ton haut et frontal contre ses adversaires du Rdpc, prenant à contre-pied la ligne du Sdf qui, selon lui, a été dévoyée dans une connivence avec le parti au pouvoir. Finalement exclu du Sdf en février 2023 par John Fru Ndi avant sa mort pour «indiscipline» et «actes inacceptables contre la hiérarchie» avec une trentaine de cadres tout aussi incontrôlables, Jean Michel Nintcheu n’a pas tardé pour rebondir. Il a activé son propre parti le 10 juillet à Douala, le Front pour le changement au Cameroun (Fcc), lors d’une session extraordinaire après modification des statuts de son ancêtre, le Rassemblement pour la patrie.

Une nouvelle dynamique

Cette nouvelle appellation inspirée des idéaux du Sdf originel entend positionner le Fcc dans le paysage politique camerounais comme un parti de combat et de lutte pour le changement. «Le parti que je rejoins n’est pas nouveau. Je l’ai créé en 1992 et il a d’ailleurs été légalisé alors que j’étais en détention à la suite d’une manifestation. J’ai ensuite soutenu John Fru Ndi à la présidentielle, en étant son directeur de campagne pour le Littoral. Une relation de confiance est née entre lui et moi, à tel point que nous avons signé une alliance formelle avec le Sdf en 1996. Ce n’est que plus récemment qu’il y a eu des divergences sur la ligne politique et sur nos rapports avec le pouvoir en place. Avec le Fcc, nous avons décidé de revenir à une opposition frontale avec le pouvoir, ce qui signifie quitter le Sdf», a expliqué Jean Michel Nintcheu au journal Jeune Afrique.

Le divorce est donc consommé avec le Sdf, présidé désormais par Joshua Osih, député de Wouri-Centre avec qui le président du Fcc n’est pas en odeur de sainteté, même s’il conserve le soutien des militants exclus et les dissidents du parti regroupés au sein du G27. Pour la suite de ses batailles politiques et celle qui est dans tous les esprits au Cameroun, à savoir la présidentielle de 2025, Jean Michel Nintcheu pense avoir trouvé un nouvel allié pour une nouvelle dynamique de l’opposition. «Il faut construire cette dynamique dès maintenant autour de l’opposant qui est le mieux placé. Or à l’heure actuelle, c’est Maurice Kamto. La personne qui incarne l’opposition – à travers la façon dont lui et son parti sont réprimés par le pouvoir et à travers le fait qu’il est arrivé loin devant les autres à la dernière présidentielle -, c’est Maurice Kamto. Tous ceux qui diront autre chose ne travailleront pas pour l’opposition», a-t-il ajouté dans les mêmes colonnes.

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