NIGER : LA CÉDÉAO MAINTIENT L’OPTION MILITAIRE

La Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest a ordonné «l’activation immédiate» de sa force d’intervention militaire lors d’une réunion tenue le 10 août 2023 à Abuja, la capitale du Nigéria.

Par Marole Akamba

Aucune option n’a été écartée et l’usage de la force reste un recours ultime selon le président du Nigéria Bola Tinubu qui, avec ses homologues ouest-africains, espèrent toujours que la junte fera marche-arrière après le coup d’Etat qui a renversé Mohamed Bazoum le 26 juillet 2023 au Niger. Une sortie appuyée plus tard en soirée par le président de la Côte d’Ivoire, Alassane Dramane Ouattara, qui indique que les dirigeants ouest-africains avaient donné leur accord pour qu’une intervention militaire démarre dans les plus brefs délais pour rétablir l’ordre constitutionnel au Niger. Selon le chef de l’Etat ivoirien, son pays serait prêt à fournir un contingent de 850 à 1100 hommes. «Les putschistes peuvent décider de partir dès demain matin et il n’y aura pas d’intervention militaire, tout dépend d’eux», a déclaré Alassane Dramane Ouattara, qui ajoute que les leaders africains présents à Abuja sont «déterminés à réinstaller le président Bazoum dans ses fonctions».

La Cédéao avait donné un ultimatum d’une semaine aux putschistes pour remettre le pouvoir au président démocratiquement élu en 2021, mais ce délai a expiré, mettant à rude épreuve la crédibilité de l’organisation dont l’impuissance s’est construite au fil des crises similaires. Notamment après les coups d’Etat militaires au Mali, Burkina Faso et Guinée Conakry depuis 2020, ou encore les coups d’Etat à caractère constitutionnel en vue des troisièmes mandats présidentiels d’Alassane Dramane Ouattara en Côte d’Ivoire et Alpha Condé en Guinée Conakry. Dos au mur et face aux enjeux géopolitique et géostratégique qui opposent les puissances étrangères telles que la France, les Etats-Unis et la Russie en Afrique, la Cédéao joue gros dans la crise nigérienne ; et la détermination de Bola Tinubu, le président en exercice de cette organisation qui a fait de la lutte contre les coups d’Etat dans la région une priorité de son mandat, n’en serait qu’un levier de circonstance sur un échiquier complexe.

La crainte des pro Bazoum

Au Mali et au Burkina Faso, l’option militaire de la Cédéao est perçue comme une provocation et sa mise en œuvre éventuelle, une «déclaration de guerre» pour ces deux pays voisins, solidaires des putschistes du Niger, sous le commandement du général de brigade, Abdourahamane Tchiani. Ces leaders aux discours sankaristes, adulés par une population anti-française et pro russe, ont également menacé de quitter l’organisation sous-régionale en cas d’intervention militaire. Ils mettent en avant les conséquences sécuritaire et économique dans le Sahel. Par l’entremise de leurs ministres des Affaires étrangères, Bamako et Ouagadougou ont saisi l’ONU et l’UA pour empêcher par «tous les moyens» l’option militaire de la Cédéao au Niger, où les putschistes ont nommé un nouveau gouvernement et des ambassadeurs à l’étranger. Les partisans de Mohamed Bazoum quant à eux, vivent la peur au ventre et craignent que la situation ne dégénère entre ceux qui appellent au retour à l’ordre constitutionnel et ceux qui s’y opposent fermement.

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