Par Joanne Kengne
Le Centre national de développement de l’informatique (Cenadi), une institution affiliée au ministère des Finances, dans un rapport publié le 20 juillet 2023, traite de la création d’une cryptomonnaie 100 % camerounaise, avec une implication dans la création d’un portefeuille de cryptoactifs et le développement de solutions de paiement transfrontalier. Cette innovation dans le secteur financier camerounais, similaire à l’initiative prise par la République centrafricaine, permettra, lit-on, de doter progressivement le pays «d’une capacité technique et opérationnelle à exploiter au besoin une plateforme de cryptomonnaie dont le but n’est pas de violer ou outrepasser les cadres juridiques et règlementaires auxquels il a librement consentis, mais de faire face aux visées expansionnistes des monnaies digitales publiques et privées, portées par des lobbies et certains États, mais qui à terme ne sont rien d’autre que des «chevaux de Troie» donc en apparence inoffensive, mais qui pourraient être préjudiciables plus tard », peut-on lire dans le rapport du Cenadi.
Ainsi, l’institution affirme être en collaboration avec International Business Machines Corporation (IBM), une entreprise multinationale américaine qui opère dans les domaines du matériel informatique, du logiciel et des services informatiques, pour développer une solution de paiement transfrontalier numérique en partenariat avec le Nigeria. En effet, les crypto-paiements restent une opportunité pour les pays africains, qui tiennent à densifier les échanges Sud-Sud sans systématiquement que ces transactions financières s’adossent sur des monnaies de références à l’instar de l’Euro ou du Dollars.
BEAC et BCEAO à la traine
Pour ce qui est du Cameroun et du Nigeria qui partagent non seulement une longue frontière de près de 1690 km et des échanges économiques importants, l’hypothèse de disposer d’un cadre commercial d’échange en Token cryptographiques pour ses opérateurs économiques est susceptible d’améliorer significativement la balance de paiement des deux Etats, tout en réduisant leur dépendance aux devises Euro-dollar qui sous-tendent les monnaies locales respectives des deux pays. «Il s’agit aussi, de par le biais des transactions au sein de l’écosystème, de comprendre de manière précise les habitudes de nos populations et celles de la sous-région et être en mesure d’apporter des réformes fiscales, juridiques et réglementaires pertinentes dans l’intérêt supérieur du Cameroun. Cette démarche a été adoptée par 87 % des pays au monde plus la RCA. Seule la BEAC, la BCEAO et les pays en conflit, en situation de précarité ou d’instabilité reste à la traine», lit-on dans le rapport.
Le Cenadi, de concert avec IBM, travaille à élaborer le cadre expérimental d’un Hackaton digital qui permettra aux opérateurs sectoriels d’éprouver les scenarii de faisabilité qui pourraient faire l’objet d’une implémentation portant sur un cross-border payment eNaira # eCFAToken. Cette expérience va s’appuyer sur l’infrastructure mainframe IBM z14r1 déployé au Cenadi qui dispose d’ores et déjà des processeurs cryptographiques nécessaire pour garantir la non-répudiation et la sincérité des écritures sur une blockchain privée.

